La petite Lune impatiente
Il était une fois une jeune Lune, ronde comme une perle fragile dans le ciel. Elle était fatiguée d’attendre… Chaque nuit, elle observait les étoiles qui scintillaient autour d’elle et son cœur se serrait. Elle soupirait en silence :
— « Pourquoi grandir si lentement ? Pourquoi disparaître avant même d’avoir brillé ? Moi, je voudrais être pleine, éclatante, parfaite… tous les jours ! »
Alors, une voix ancienne s’éleva dans l’immensité, douce et profonde, comme l’écho de l’univers. C’était la Voûte céleste, gardienne des rythmes invisibles. Elle lui murmura, avec une patience infinie :
— « Petite Lune, si tu étais pleine en permanence, les humains ne lèveraient plus les yeux vers toi. Ils oublieraient ta magie, ta beauté deviendrait ordinaire. C’est dans ton mouvement et dans ton impermanence que réside ton pouvoir. Ce sont tes phases qui leur offrent des repères, des souffles, des cycles : ta naissance fragile, ta croissance discrète, ton retrait silencieux… C’est grâce à tes creux et à tes élans qu’ils se souviennent que rien ne dure et que tout recommence. »
Alors la Lune comprit. Sa valeur ne se mesurait pas à sa capacité d’être entière en permanence, mais à sa façon d’enseigner que décroître, ralentir, se retirer… est aussi précieux que rayonner et se montrer.
Depuis, elle suit son rythme sans lutter, offrant tour à tour sa lumière et son ombre, rappelant à qui la contemple que le rythme juste n’est jamais celui de la ligne droite, mais celui de l’élan, de la pause et du recommencement.
Et les humains, chaque fois qu’ils lèvent les yeux, se souviennent :
Comme la Lune, nous traversons tous des phases
et nous n’avons pas besoin d’être parfaits et constamment lumineux pour être précieux 🌙