La valse des marées
Il était une fois un vaste Océan. Il s’étendait à perte de vue, puissant, majestueux, mais aussi fatigué. Chaque jour, il avait l’impression d’être bousculé, tiré en avant, repoussé en arrière. Ses vagues s’agitaient, ses profondeurs grondaient. Alors, un soir, incapable de se contenir, il leva la voix vers la Lune :
— « Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi m’entraîner dans ce va-et-vient sans fin ? Laisse-moi en paix ! Je voudrais rester immobile, tranquille, solide comme la terre. »
La Lune, douce et brillante, le contempla en silence. Puis elle répondit, avec une lumière qui apaisait les flots :
— « Mais, cher Océan, c’est ce mouvement qui te garde vivant. Si je ne t’appelais pas, si je ne te faisais pas danser, tu deviendrais stagnant. Tes eaux se figeraient, ta surface se ternirait et la vie elle-même finirait par s’éteindre dans ton silence. »
L’Océan frémit. Il voulut protester encore, mais la Lune continua :
— « Tu crois que mon influence te fatigue, mais en vérité, je t’offre un souffle. Tes marées sont comme des respirations : un élan vers l’avant, un retour vers toi. Grâce à moi, tu portes les bateaux, tu nourris les rivages, tu sculptes les côtes et tu fais naître des mondes entiers. »
Alors, l’Océan comprit. Ses vagues se calmèrent un instant, comme si elles écoutaient. Il comprit que sa force ne venait pas de l’immobilité qu’il désirait, mais de ce flux et de ce reflux constant, de cette danse qu’il partageait avec la Lune depuis toujours.
Et depuis ce jour, quand ses vagues grondent un peu trop fort, il se souvient :
🌊 C’est dans le mouvement que réside la vie. Dans l’acceptation de l’élan comme du retrait, de la montée comme de la descente. Sans ces cycles, il n’y a pas de souffle, pas de renouveau, pas de beauté.
Et les humains, chaque fois qu’ils observent les marées, se rappellent à leur tour :
Nous aussi, comme l’Océan, nous avons besoin de ces rythmes.
Nous aussi, nous sommes appelés à danser avec la Lune, à accepter nos vagues, nos retraits, nos retours. Car c’est ce mouvement qui nous garde vivants.
Alors la prochaine fois que tu te sens balloté·e par tes propres vagues, rappelle-toi : ce n’est pas un problème. Au contraire, c’est le signe que tu es vivant·e, que tu respires et que tu es en mouvement.